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Portrait : Delphine et son écolodge à Parajuru

Delphine

Delphine

Delphine s’est installée il y a 5 ans dans l’état du Céara au Brésil.  Amoureuse de la Nature, elle y a ouvert un écolodge à Parajuru, le @CasteloVendom.

Retour sur son parcours et son installation au Brésil.

•     Bonjour Delphine, peux-tu te présenter en quelques mots, d’ou viens-tu, ton parcours?

Bonjour,

Je suis française, originaire de Paris, bien qu’ayant passé la frontière du périphérique les dernières années avant mon départ, en allant m’installer à Montreuil dans le 9-3.

C’était déjà un premier pas : se débarrasser du stress citadin, prendre le vert en habitant face à un parc de 25 hectares. Le second pas a été franchi en 2012, suite à une rencontre fortuite avec un vieille connaissance qui comptait s’installer au Brésil.

L’idée trottait depuis un temps certain, manquait plus que le déclic et le juste moment ! Ce qui fût fait dans l’année même.

J’ai un parcours plutôt atypique guidé par mon besoin incessant de découvertes et de connaissances. Malgré un diplôme inutile, je suis plus autodidacte, j’apprend beaucoup par moi-même en cherchant et en me formant constamment.

Une artiste dans l'âme

Une artiste dans l’âme

D’abord la photographie où j’ai brillé un temps en galeries et dans différents événements photographiques, puis en tant que commissaire d’exposition en créant mon propre festival.

En 2008, j’ai en effet, crée le Festival International de l’Image Environnementale que j’ai présenté pendant 4 ans aux Rencontres d’Arles et à Paris Bercy, entre autres. J’y exposais une centaine d’artistes internationaux sur leurs visions d’auteurs afin de sensibiliser les publics aux enjeux environnementaux. Si celui-ci fût un succès, il ne couvrait pas nécessairement mon envie d’agir pour l’environnement au quotidien.

C’est pour cela que j’ai choisit de partir au Brésil et de me construire une vie en adéquation avec mes valeurs : le respect de la Nature et la symbiose avec celle-ci tout en continuant de sensibiliser, mais cette fois ci en pratiques.

•     Depuis combien de temps vis-tu au Brésil? Qu’est-ce qui t’a amenée ici?

Cela fait maintenant 5 ans que je vis au Brésil, à Parajuru. Je suis d’abord arrivée par Pontal de Maceio, petit village gaulois en terre brésilienne pour choisir de m’installer à Parajuru, un village authentiquement brésilien.

Parajuru

Parajuru

C’est l’envie de vivre une vie en synergie avec mes aspirations écologiques et de bien-être autour du sport et de la relaxation qui m’a poussé à partir de France. En France, le système vous pousse à aller toujours plus vite, à consommer plus, à penser moins. Nos vies sont une course permanente dont le but est finalement d’en tomber malade.

Sortir de ce schéma en ralentissant, en prenant le temps de la contemplation, de se poser pour  réfléchir sereinement et surtout de ne plus se poser de questions inutiles, tout en prenant du recul sur les événements. On ne se rend pas compte à quel point nous sommes conditionnés pour aller vers le conflit. Le Brésil nous apprend tout ça, il nous force à ce recul nécessaire même si au départ les résistances sont grandes.

La plage de Parajuru

La plage de Parajuru

Offrir ces quelques petits moments hors du temps à mes hôtes, une parenthèse enchantée, un moment de détente dans un cadre en respect avec la Nature me paraissait essentiel. Toute mon activité est tournée dans ce sens. Accompagner mes hôtes autour du bien-être, du sport et de la gastronomie pour faire de leurs vacances un havre de paix.

Le Castelo et sa piscine naturelle

Le Castelo et sa piscine naturelle

J’ai donc construit un écolodge sur un terrain composé au départ de sable pour en faire une petite jungle et constituer un biotop propice à la bio diversité. Aujourd’hui, on peut y trouver quantité d’oiseaux, des gambas, des iguanes, des pythons (si si mais ils se cachent bien, aucun risque de tomber dessus), des gecko bien sûr, deux chats de maisons et plein d’autres petits animaux inoffensifs.

La terrasse du Castelo

La terrasse du Castelo

•     Quelles sont les difficultés que tu as rencontré en arrivant?

On est très bien accueillit au Brésil, les habitants sont vraiment adorables et ont le cœur sur la main. Ce n’est pas forcément le cas des français qui y vivent. La principale difficulté est là. Sinon, c’est un peu comme partout, si l’on veut réussir ce que l‘on entreprend, il faut s’accrocher! Sauf qu’au Brésil au moindre petit coup de blues, il suffit d’aller prendre l’air sur la plage, de rencontrer deux trois sourires en y allant et la vie redevient belle en un instant.

Delphine sur la plage de Parajuru

Delphine sur la plage de Parajuru

•     Raconte nous une de tes journées

Ma journée commence à 6 heure du matin, Le soleil se lève vers 5 heure chaque jour, le réveil se fait donc tout en douceur et naturellement, je ne mets pas d’alarme. Après une douche bien fraîche, comme j’aime, je vais préparer le petit déjeuner pour mes hôtes. Composé de fruits frais, de confitures et de pain maison cuit le matin même, mes hôtes se lèvent vers 8 heure avec sa bonne odeur. Je prends mon petit déjeuner avec eux et valide leur organisation du jour.

Une chef en cuisine

Une chef en cuisine

Ensuite suivant le planning, soit je m’accorde une petite séance de kitesurf en les déposant au spot, soit je les coache sur une sortie équitation. Ou alors, je file faire les courses pour le repas du soir et ainsi profiter des quelques heures dans l’après midi pour d‘autres activités. Je déjeune rapidement le midi, check mes emails, réponds aux demandes sur Facebook et gère un peu la communication.

Kite surf et yoga

Kite surf et yoga

En fin d’après midi, je vais chercher mes guests au spot pour un retour apéro caïpirinha au Castelo. Avec Maria, mon assistante en cuisine, on prépare l’apéro et le diner du soir, puis je profite de quelques instant avec mes guests le temps de l’apéro. J’essaye de ne plus boire de caïpirinha, mais un jus de fruit, car en fin  de saison, ça finit par se voir sur les hanches.

On dine tous ensemble, on refait le monde ou on parle de nos exploits du jour. C’est très convivial, on mange tous à la même table, on se fait des ami.es, on partage nos journées, nos vies et c’est très souvent que je reste ensuite en contact proche avec mes guests. La plupart reviennent d’ailleurs les années suivantes.

En règle générale, je suis couchée vers 22:30, épuisée mais heureuse.

•     Tes endroits préférés dans la région et pourquoi

J’avoue être très casanière, je sort peu de Parajuru car j’adore le Castelo et Parajuru. Mes endroits préférés seront, d’autre part, plus basés plus sur l’affectif en rapport avec les personnes qui y vivent que sur l’endroit même. Cela dit, j’ai, cette année, pris 10 jours pour aller visiter tous les autres spots au dessus de Fortaleza. J’ai beaucoup aimé Tatajuba pour son côté inatteignable et encore intact ainsi que Moitas pour son côté authentique et le flat de son rio. J’apprécie beaucoup Taïba parce que j’ai un ami qui s’y installe @JulienZgraggen, pro kitesurfer Suisse, j’aime y kiter hors saison avec lui quand la lagune est vide. Mais rien ne vaut la beauté de la lagune de Parajuru et l’authenticité de son village.

Le jardin du Castelo

Le jardin du Castelo

•     Tu as aussi développé une marque pour les kite-surfeuses, peux-tu nous en parler?

Oui, je me suis aperçue très vite qu’il manquait une tenue qui nous permette, nous les filles, de faire du kite de manière confortable et féminine. J’ai donc dessiné et fait fabriquer La tenue parfaite pour rider en toute quiétude : @BodeeKite.

J’ai démarré cette marque 100% brésilienne en 2014, et vendu dès la saison hiver 2015 plus de 40 modèles en pièces uniques. Depuis, bien entendu les grandes marques ont largement copié le principe. Il n’en reste pas moins que je continue sur le principe de pièce unique, ce qui en fait son exclusivité.

Photo ©JulienZgraggen pour BodeeKite

Photo ©JulienZgraggen pour BodeeKite

•     Tu organises le nettoyage des plages de ton village, dis nous en plus sur ton engagement écologique.

Je suis dévastée par la négligence et l’inconscience de l’être humain sur cette planète (la seule habitable de notre univers). C’est principalement sur les plages du monde entier que l’on voit le résultat le plus spectaculaire de cette folie : des tonnes de déchets plastiques qui viennent non seulement tapisser les rivages mais aussi les fonds marins, leurs surfaces et le système digestif des être vivants l’y peuplant. Ici, on croise régulièrement des tortues mortes étouffées par des sacs plastiques qui ressemblent étrangement dans l’eau à des méduses.

J’essaye de sensibiliser les habitants du village à ne pas jeter: par un ramassage dès que je peux de manière individuelle et identifiable et par des ramassages collectifs. J’y associe mon personnel et leur famille afin qu’ils en parlent, et dès que c’est possible mes guests. J’ai aussi créé un groupe sur Facebook pour diffuser des informations et inciter les kitesurfers à avoir des gestes responsables : @kitesurf beaches clean up, chacun peut y adhérer et diffuser sa volonté à préserver les plages en reprenant le logo.

Beach clean up

Beach clean up

•     Un dernier mot pour nos lecteurs?

J’ai toujours eu deux devises, l’une de Mère Théresa : « Ce n’est pas ceux qui ont de la chance qui sourient, ce sont ceux qui sourient qui ont de la chance. Souris et le monde te sourira ».  L’autre de Scarlett O’Hara : « Demain est un autre jour ».

Je devais être prédestinée pour le Brésil…

 

PHOTOS ©DELPHINE  pour ©CASTELO VENDOM & ALL RIGHT RESERVED